Premie?res remarques sur le deuxie?me tour de la pre?sidentielle, sur la nouvelle bataille des le?gislatives, sur les ambitions pour le groupe Front de gauche a? l’Assemble?e nationale : entretien avec Marie-George Buffet, membre de l’Exe?cutif national du PCF, charge?e des relations aux e?lu-e-s et aux institutions, de?pute?e de Seine-Saint-Denis.

 

TON SENTIMENT SUR LE SCRUTIN DU 6 MAI

 

MARIE-GEORGE BUFFET : D’abord un sentiment de bonheur partage? par une grande majorite? de Franc?ais. Ce vote met fin a? cinq anne?es de re?gression sociale et de?mocratique, cinq anne?es d’une image de la France abi?me?e. Du bonheur aussi de voir la mobilisation populaire pour l’e?lection de Franc?ois Hollande. On le voit bien dans les quartiers les plus populaires, dans des de?partements comme la Seine-Saint-Denis : il y a eu une ve?ritable mobilisation, a? laquelle les e?lectrices et e?lecteurs du Front de gauche ont contribue? largement et formidablement. Quand on regarde les endroits ou? le Front de gauche avait fait ses meilleurs scores au premier tour avec Jean-Luc Me?lenchon, ce sont la? aussi ou? on enregistre les meilleurs scores de Franc?ois Hollande. La dynamique du Front de gauche a vraiment permis d‘arracher la victoire de Franc?ois Hollande. Je note ensuite une droite pre?sente, on le voit bien quand on regarde la carte de France, ces de?partements ou? la droite fait un score e?leve?, qui de?- note peut-e?tre un report des voix du Front national sur la candidature Sarkozy. On le voit dans le Gard par exemple.

 

AVEC LES LE?GISLATIVES S’OUVRE UNE NOUVELLE BATAILLE ?

 

M.-G. B. : De?s dimanche soir sur les plateaux de te?le?vision, la droite a donne? a? voir son mot d’ordre de campagne : il-ne-faut-pas-que-la-gauche-ait-tous-les-pouvoirs, il faut, dit-elle, des contre-pouvoirs. Bref, la droite ne baisse pas les bras, elle part dans cette campagne des le?gislatives bien su?r en difficulte?, mais avec l’envie de garder ses circonscriptions, de se battre. Il faut donc une mobilisation a? gauche extre?mement forte. L’enjeu, c’est bien su?r une majorite? de gauche a? l’Assemble?e nationale ; et au cœur de cet enjeu, il y a le nombre des de?pute?s du Front de gauche qui demain vont e?tre e?lus, qui vont pouvoir, jour apre?s jour, a? l’Assemble?e mais aussi dans les mobilisations populaires, sociales, porter le programme « L’humain d’abord », le transformer en autant de lois, autant d’amendements sur les lois gouvernementales pour que, très rapidement, les choses bougent dans le pays. Par exemple, dès juin-juillet, quelles sont les propositions que le groupe Front de gauche va défendre à l’Assemblée nationale, sur les questions des salaires, du blocage des loyers par exemple ? Quelles sont les premières propositions de loi que ces députés vont défendre avec l’appui populaire à l’Assemblée nationale ?

 

ON PEUT AVOIR DE GRANDES AMBITIONS POUR LE GROUPE, DISAIS-TU DANS TON INTERVENTION AU CN...

?

M.-G. B. : Oui, je crois qu’il ne faut pas se mettre « de plafond » dans la tête, pas de limites. Si on a réussi à avoir ce score remarquable avec Jean- Luc Mélenchon, c’est parce que nous avons donné envie, par notre ambition, notre détermination, à la fois sur les contenus et sur la volonté, de faire vraiment bouger la gauche grâce au plus haut résultat possible de notre candidat à la présidentielle. Il faut avoir le même état d’esprit pour les législatives, c’est-à-dire qu’il faut viser dans les circonscriptions le meilleur score pour le Front de gauche mais aussi des gains en députés : réélire bien sûr les sortants et gagner de nouveaux sièges à la gauche avec l’élection de députés du Front de gauche. Je pense qu’il faut très vite se mettre complètement en campagne, partir à la rencontre de ces hommes et ces femmes qui ont voté Front de gauche au premier tour, Hollande au second ; leur montrer que la bataille n’est pas terminée : après avoir sorti Sarkozy et élu François Hollande, il faut maintenant se donner les outils humains, les potentiels pour que la gauche réussisse. Mon mot d’ordre de campagne ce sera : rassembler pour que la gauche réussisse.

 

Propos recueillis par Gérard Streiff pour CommunisteS