pylone L’opérateur privé d’électricité réfléchit à se séparer de l’activité de détail, trop peu rentable.


Celles et ceux qui, depuis l’ouverture de marché de l’électricité, ont choisi de se fournir chez un concurrent d’EDF pourraient bientôt se retrouver à court de jus.


En effet, Poweo, détenu à 43,2 % par l’électricien autrichien Verbund, pourrait annoncer d’ici à la fin de l’année à ses clients particuliers qu’il se retire de ce marché. Dans un communiqué publié mercredi, l’opérateur privé d’électricité et de gaz fait état d’un chiffre d’affaires sur le troisième trimestre en chute de 20,8?% sur la vente d’électricité et 17,3?% sur le gaz. La faute, estime-t-il, au «?maintien de conditions réglementaires?», c’est-à-dire aux tarifs réglementés fixés par l’État qui empêchent les opérateurs privés de vendre l’électricité plus cher. Avant même l’adoption de la nouvelle organisation du marché de l’électricité (loi Nome) mercredi à l’Assemblée nationale, dont l’objectif est de favoriser la concurrence en obligeant EDF à céder un quart de sa production à prix coûtant, Poweo annonce des «?mesures de restructurations» afin de «?mettre un terme à cette situation?».


Selon les quotidiens économiques, deux options seraient sur la table. La première amènerait l’opérateur à se concentrer sur la production et à privilégier les gros clients professionnels et industriels. En clair, les contrats des particuliers qui arrivent à échéance ne seraient pas reconduits. La seconde, qui semble selon les Échos, en bonne voie, s’incarnerait dans une alliance avec un concurrent, notamment Direct Énergie (500?000 clients), également en difficulté. Les activités de détail des deux groupes pourraient être fusionnées.


Outre qu’ils ne peuvent pas librement augmenter leurs prix, les opérateurs privés pâtissent aussi du peu d’engouement des Français pour la concurrence. Trois ans après la libéralisation du marché, l’opérateur public dessert toujours 95% de la population.


Paule Masson

Dans l'Humanité du 15/11/2010