François Hollande a annoncé jeudi soir le lancement d'une négociation syndicats-patronat concernant le financement des retraites. Les libéraux et le patronat balisent déjà le terrain pour repousser à "au moins 63 ans" l'âge légal de départ.

Vendredi, le ministre du Travail Michel Sapin a repris l'annonce faite la veille par le président de la République, précisant: "Vous connaissez tous les curseurs qui peuvent être bougés pour permettre qu'il y ait, si ce n'est un retour à l'équilibre, en tous les cas une perspective de financement pérenne de nos régimes de retraite", indique le ministre.


Echec de Sarkozy

L’inquiétude reste de mise pour l’avenir des retraites. Le financement du système n’est, en l’état, pas assuré, une situation propice à tous les mauvais coups. Selon le dernier rapport du Conseil d’orientation des retraites (COR) ­publié en décembre, le déficit des régimes atteindrait 19 milliards d’euros en 2017. La preuve, si besoin était, que, contrairement aux discours de Nicolas Sarkozy et son équipe, promettant un déficit zéro en 2018, la réforme de 2010 avec son cortège de mesures régressives, en particulier le recul de l’âge de départ à soixante-deux ans, ne réglera pas le problème.


Cela n’empêche pas les ­libéraux de poursuivre sur leur lancée et de préconiser de nouveaux reculs sociaux, telle la présidente du Medef. Laurence Parisot qui réclame un report de l’âge légal à « au moins soixante-trois ans ». Mardi  22 janvier, le COR présentera un nouveau rapport au gouvernement. Celui-ci, dans le cadre de la « feuille de route » sortie de la « grande conférence sociale » de juillet dernier, a prévu en effet d’ouvrir au printemps une concertation pouvant déboucher sur une nouvelle réforme.


Retraites complémentaires dans le viseur

À sa manière, le patronat tente de baliser le terrain dans le cadre des négociations sur les régimes complémentaires Agirc et Arrco engagées fin 2012, qui doivent reprendre. Invoquant le déficit de ces régimes et l’arrivée à épuisement de leurs réserves plus rapide que prévu, le Medef réclame, pour toute « solution », une baisse du pouvoir d’achat des pensions en supprimant leur indexation sur l’inflation. Et refuse mordicus toute hausse des cotisations.


Un avant-goût de la bataille que nous engagerons contre de nouveaux reculs sociaux pour obtenir une juste réforme du financement mettant à contribution, entre autres, les revenus financiers.