Chacune et chacun de nous est horrifié par le glaçant sang froid de ce tueur, surement empli de haine et de déraison, pour abattre en plein jour dans la rue des militaires français dont deux musulmans et des enfants d’une école juive et leur professeur.

Que leurs familles trouvent ici l’expression de notre solidarité active et de notre fraternité.

Que tout soit mis en œuvre pour arrêter ce ou ces criminels.

Derrière son masque se cache le visage le plus hideux de la sauvagerie, de la haine meurtrière. Il faut avoir perdu son cœur pour ainsi abattre des enfants. Il faut avoir perdu son humanité pour détruire la vie dans une école, parce que celles et ceux qui la fréquentent sont juifs, ou quatre militaires qui ont en commun l’uniforme, mais qui étaient porteurs de la diversité du peuple français par leurs origines maghrébine ou antillaise.


Notre douleur en cet instant est aussi grande que notre incapacité à déchiffrer les raisons de cette folle déraison meurtrière.


Mais nous pouvons supposer que c’est une inextinguible haine qui meut le bras de ce tueur. Ceci ne peut être classé dans la rubrique des faits divers. Il appelle à réfléchir sur une époque où les repères de la vie commune sont détruits par des paroles et des actes de division, par les violences et les surenchères, par ces guerres économiques et la glorification de la loi du plus fort. Toutes ces longues campagnes valorisant une « identité nationale » contre tout ce qui est d’origine étrangère, la prétendue supériorité de certaines civilisations, contre des religions « inférieures », la glorification des racines chrétiennes contre une prétendue « invasion » musulmane. Et que dire de ces épisodes peu ragoûtant d’un débat électoral porté dans les bas-fonds des abattoirs et des boucheries, pour y chasser la viande halal ou casher ; ces diatribes anti-immigré, ce climat de chasse au faciès...


Survenant à quelques semaines d’une élection présidentielle, aux enjeux si particuliers, aucune surenchère ou exploitation politicienne de ces crimes ne saurait être acceptée. Nous avons eu de malheureuses et douloureuses expériences lors de scrutins passés. Par contre les humanistes et les républicains ont intérêt à appeler à la mobilisation et aux débats démocratiques. Ceux-ci permettraient de valoriser et revivifier le vivre ensemble dans une République d’égalité démocratique, une République sociale ne faisant aucune distinction d’origine, d’apparence ou de religion.


La vigilance s’impose pour empêcher que de tels actes monstrueux ne poussent aux pires régressions. A l’opposé, faisons vivre l’universelle humanité fraternelle des femmes et des hommes libres et égaux, dans une société de partage et de coopération et non pas de compétition  et de division.

 

Par Patrick Le Hyaric
Directeur de l’Humanité
Député au Parlement européen