« Le Grec ayant chanté tout lété, il se trouva fort dépourvu quand la bise fut venue.
Pas un seul petit morceau de mouche ou de vermisseau, il alla crier famine chez lAllemagne sa voisine, la priant de lui prêter quelque grain pour subsister jusqu'à la saison nouvelle : Je vous paierai, lui dit-il, avant l'août, foi de Tantale, intérêt et principal.
La Merkel n'est pas prêteuse ; c'est là son moindre défaut : que faisiez-vous au temps chaud ? Dit-elle à cet emprunteur. --Nuit et jour à tout venant, je chantais, ne vous déplaise. --Vous chantiez ? J'en suis fort aise. Eh bien ! Dansez maintenant ».
Cette charmante parabole, on nous la file en boucle depuis des mois. Les Grecs, eux, ont tendance à ne pas trouver cela très drôle, et sils commencent à danser le sirtaki dans les rues dAthènes, cest au rythme des coups de lattes. Pourtant, daprès lOCDE (qui nest pas exactement une section du PCF), les Grecs travaillent beaucoup plus que les Allemands. Que sest-il donc passé dans ce pays où les gens ont travaillé plus pour gagner moins ?
Il était une fois tout un tas de banquiers et autres financiers qui prêtaient à des gens fauchés des grosses sommes pour payer des maisons trop chères. Ils disaient aux emprunteurs de ne pas sen faire car le prix des maisons continuerait de monter, toujours plus haut, et quils pourraient donc revendre leur maison pour rembourser lemprunt en cas de besoin. Avec ce super-système, les banquiers se faisaient pas mal de fric, de quoi acheter plein de mouches et de vermisseaux. Il arriva cependant que, à force de payer les maisons trop cher, plus personne ne pouvait les acheter du coup les prix des maisons ont commencé à baisser (aux Etats-Unis), et les gens qui ne pouvaient pas payer les intérêts ne pouvaient pas non plus revendre les maisons pour rembourser les prêts ! Patatras ! Cest la « crise des subprimes », et les financiers étaient sur le point de finir à poils, comme lEtat grec
Alors les Etats se sont dit que si les financiers trinquaient ce ne serait pas chouette. Ils ont donc mis la main au larfeuille (qui est dailleurs dans nos poches à nous, mais passons ) pour « sauver » les financiers.
Résultat : les dépenses des Etats ont augmenté et la récession économique provoquée par la crise financière a réduit les entrées fiscales. Les Etats ont donc pris sur eux (cest-à-dire sur nous) les conséquences de la spéculation sur le crédit immobilier ricain. Du coup, les banquiers ont tenu un raisonnement imparable : puisque les Etats se sont endettés à cause de nous, leurs comptes ne sont pas sains, ils nous font donc courir un risque à nous, les prêteurs, et il faut par conséquent quils nous payent plus dintérêts sur largent que nous leurs prêtons Cest ce qui est arrivé à la Grèce. Bon, mais puisque lEtat paye plus dintérêts aux banques, sa situation financière continue de saggraver, et il faut donc quil paye encore plus dintérêts car sa dette est de plus en plus risquée Pour payer les intérêts grandissants, il faut que lEtat paye moins les fonctionnaires et brade au privé (cest-à-dire aux banques ) les services publics : cest le « plan daustérité ». Et on a dailleurs raison de lappeler comme ça : cest laustérité pour le peuple grec, et un bon plan pour les banquiers.
Qui y gagne dans tout ça ? Les spéculateurs, c'est-à-dire les banques, ainsi quun nouveau personnage : lEtat-spéculateur ! Et oui, car lAllemagne a tenu le raisonnement suivant : si les banquiers se font si facilement du pognon sur le dos des Grecs, pourquoi ne ferais-je pas la même chose ? Je ne suis pas plus bête ! Et du coup lAllemagne est devenue prêteuse, et avec du talent : elle a emprunté à un faible taux sur les marchés du pognon quelle a prêté au taux fort à la Grèce ! Mais puisque lAllemagne a de léthique, la marge spéculative quelle sest accordée est un peu moins importante que celle pratiquée par les banques : on a des valeurs, quand on est une « grande démocratie européenne » !
Et que se passerait-il si les Grecs envoyaient balader tous ces vautours et autres oiseaux de mauvais augure, et refusaient le brader leur société ? Rien du tout : la Banque centrale européenne serait obligée de faire ce quelle aurait dû faire dès le départ, et les créanciers de la Grèce accepteraient de négocier de peur de paumer tout leur pactole. Evidemment, les banques (y compris lAllemagne) préfèrent un bon gros plan daustérité
Section humoristique et satirique du PCF