Dans une résolution votée le 1er octobre 2010, le Conseil régional d'Ile-de-france déclare « placer tous les élèves étrangers, mineurs ou majeurs susceptibles d’être menacés d’expulsion sous la protection de l’assemblée régionale ».


La Feuille rouge a voulu recueillir l'avis de notre élue Véronique Latapie, membre de la commission municipale enfance, éducation, jeunesse et sport.


LFR. Pourquoi une telle résolution?

Une des priorités de la majorité de gauche du Conseil régional qui a en charge la gestion des lycées, est de faire respecter le droit à l'éducation pour tous, sans distinction et dans les meilleures conditions.

Aujourd'hui, dans pratiquement tous les lycées, des lycéens sans papiers vivent au quotidien dans l’angoisse d’être expulsés, qu’ils aient ou non terminé leur scolarité et cette situation est préjudiciable à un apprentissage serein.


La majorité de gauche du Conseil régional  a voté cette résolution présentée par la commission chargée des lycées. Le groupe Majorité présidentielle dont est membre M. Durovray , Conseiller régional et  municipal d'opposition à Montgeron, a voté contre, cautionnant ainsi la politique gouvernementale.

 

LFR. Plusieurs Conseils régionaux et établissements scolaires ont adopté des résolutions en soutien aux lycéens sans papiers, pouvez-vous nous en dire plus?

Ces résolutions font suite à la multiplication d’arrestations, de placements en centre de rétention, et d’expulsions de jeunes, au titre de la politique gouvernementale de lutte contre l’immigration.

Plusieurs conseils régionaux: Auvergne, Picardie, Corse, Aquitaine. Centre, PACA... ont voté des résolutions similaires afin d'assurer la protection des lycéens tout en demandant leur régularisation. La communauté éducative (parents d'élèves, enseignants, personnel administratif) se mobilise et progressivement, des établissements s'inscrivent dans cette démarche en votant en Conseil d'administration des motions.


LFR. Sur quoi se fondent ces résolutions?

Légitimement sur le respect de l'article 26 de la Déclaration universelle des droits de l’homme qui garantit le droit à l’éducation , sur l' article 28 de la Convention internationale des Droits de l'enfant.

D'autre part, sur la jurisprudence du Conseil d'Etat selon laquelle la régularité de la situation administrative d'un étranger n'est pas un préalable à son accueil dans un établissement d'enseignement ; en revanche, la scolarisation en France pendant plusieurs années est un motif légitime de régularisation quelles que soient les circonstances d'entrée sur le territoire français.

Donc ces jeunes scolarisés depuis de nombreuses années en France doivent pouvoir poursuivre leurs études, être régularisés et non expulsés.


LFR. Cette résolution ne s'oppose-t-elle pas à la politique du gouvernement et à sa majorité UMP?

Plus qu'une opposition, c'est un acte de résistance. Accepter une politique xénophobe qui alimente les thèses du Front national, renouer avec de sombres pratiques de notre histoire, revient à nier notre passé, nos valeurs républicaines et notre devise "liberté, égalité, fraternité". Cette résistance est d'autant plus d'actualité face aux propos d'une élue UMP, Chantal Brunel qui veut "remettre dans les bateaux" les immigrés " ou du Secrétaire général de l'Elysée pour qui les français « ont parfois le sentiment de ne plus être chez eux ».

Cette résolution est en cohérence avec la politique que nous menons de lutte contre toutes les formes de discriminations et notre volonté de mieux vivre ensemble.