Chronique parue dans Liberté Hebdo.

J'ai eu l'occasion de rencontrer au Sénat une délégation de salariés américains du géant de la restauration rapide, l'une d'origine mexicaine salariée à Oakland en Californie et l'autre dans le Missouri. Ils étaient accompagnés de représentants syndicaux US et de collègues français de la CGT qui les accueillaient.

Mc Donald c'est du lourd, 36 000 points de vente dans le monde dans 119 pays, cela fait d'eux le deuxième employeur privé sur la planète avec 1,9 million d'employés, le premier par curiosité étant le géant de la grande distribution outre-Atlantique, Wal Mart. Ils sont les inventeurs du contrat de travail zéro heure, très en vogue au Royaume-Uni où Mc Donald emploie 96 000 salariés dont 90 000 sous ce type de contrat, c'est-à-dire que vous avez bien un contrat, mais que vous n'êtes pas sûr de travailler, il faut que la boîte ait besoin de vous selon les jours...

Cette délégation m'a présenté la campagne pour les salaires qu'ils ont engagée aux États-Unis, le salaire horaire moyen se situant à 8 dollars (7,4 euros), ils revendiquent 15 dollars (13,89 euros) qui est le minimum vital pour vivre à peu près normalement chez l'Oncle Sam, ce qui n'est pas encore le rêve américain.

Cette multinationale est numéro un en Europe, en 2013 par exemple son chiffre d'affaires fut de 20,3 milliards d'euros, pour info sachez que la France est leur marché le plus rentable du vieux continent. Donc ils gagnent beaucoup d'argent, mais payent-ils beaucoup d'impôts ? Vous plaisantez !

Ils sont présents dans 48 paradis fiscaux, par exemple leur centre de recherche et développement est implanté au Luxembourg, y dispose de 13 salariés et y dépensent 0 euro en R&D... bizarre... Le siège de la holding Mc Donald Europe a été transféré de Londres à Genève parce que la clientèle de plus en plus exigeante préfère le chocolat suisse dont la réputation n'est plus à faire... Ah bon vous pensiez à d'autres arguments... plus fiscaux... esprits mal tournés que vous êtes !

On passera sur les multiples amendes infligées au groupe dans plusieurs États du monde pour l'emploi de jeunes enfants, accidents du travail, exploitation de migrants illégaux, discrimination à l'embauche selon le genre, la race, le handicap, l'orientation sexuelle... Et on apprend pendant ce temps-là que ce gouvernement ouvre le chantier du démantèlement de cet insupportable Code du travail, Monsieur Badinter vous étiez au-dessus de ces basses besognes... Que s'est-il passé ?

Tableau bien noir décidément, peu reluisant, on pourrait approfondir très nettement encore, mais excusez-moi, je dois arrêter là, j'ai un steak sur le grill...

Bon appétit et bonne semaine !

Billet original sur Senat Groupe CRC