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Monsieur Le Président de La République Française
PALAIS de l'Elysée
PARIS

Monsieur le Président de la République,

Je souhaite attirer votre attention sur la situation de Jacqueline Sauvage, condamnée en appel à 10 ans de prison ferme pour le meurtre de son mari, dont elle avait subi les viols et violences physiques et psychologiques pendant 47 ans.

En effet, les différentes voies de recours ayant été épuisées, la grâce présidentielle constitue le dernier espoir de Madame Sauvage pour être reconnue non plus comme une coupable mais comme une victime.

Victime d'un mari et d'un père tortionnaire d'abord. Victime ensuite d'une société qui ne parvient pas à protéger les femmes exposées aux violences et à lutter contre l'impunité de leurs bourreaux. En effet, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son compagnon, tandis que 85% des femmes victimes de violence n'osent pas porter plainte (98% dans le cas des viols conjugaux).

Victime enfin d'un système patriarcal dans lequel la violence est principalement perpétrée par des hommes, sur des femmes : ces dernières sont cinq fois plus nombreuses à mourir sous les coups de leurs conjoints que les hommes.

Au regard de ces éléments, il semble temps de prendre en compte le traumatisme psychologique que connaissent les femmes victimes de violence, qui les empêchent souvent de se protéger de leur mari, et les amènent parfois à commettre des actes extrêmes, comme le meurtre. En reconnaissant ce traumatisme, la justice pourrait ainsi reconnaitre la légitime défense à des accusées comme Madame Sauvage.

Dans l'attente d'une telle évolution, j'espère que vous pourrez accorder la grâce présidentielle à Madame Sauvage, et ainsi affirmer la volonté de l'Etat de protéger les femmes victimes de violence.

Je vous prie d'agrée, Monsieur le Président de la République, l'expression de mes sentiments les plus respectueux.

Billet original sur Senat Groupe CRC