Depuis l'annonce par François Hollande d'une révision constitutionnelle en réponse aux attentats terribles du 13 novembre dernier, le débat perd son sens au sujet d'une mesure pourtant jugée, par ses initiateurs mêmes, comme purement symbolique : la déchéance de nationalité.

Le monde politico-médiatique est en ébullition : déchéance ou indignité nationale, pour les binationaux ou pour tous les citoyens, les uns et les autres s'embourbent, se perdent.

Pour notre part, nous avons condamné une disposition qui dévoie le débat et n'apporte aucune réponse réelle à la juste inquiétude face à la menace terroriste.

Un an après les attentats de janvier 2015, nous constatons que l'élément essentiel de cette révision est occulté. Il s'agit de la sacralisation dans la Constitution d'un dispositif sécuritaire, l'état d'urgence.

L'état d'urgence est un acte politique dont l'efficacité reste encore aujourd'hui à démontrer. La réduction et l'encadrement des libertés publiques sont de mauvaises réponses au terrorisme. À l'état d'urgence sécuritaire, il faut opposer l'état d'urgence sociale et économique qui seul permettra de faire reculer ce fléau.

L'état d'urgence dont la constitutionnalisation n'apportera aucune sécurité, bien au contraire, gravera dans le marbre la notion arbitraire d'ordre public, ce qui devrait inquiéter tous les démocrates.

De plus, l'annonce d'un énième projet de loi antiterroriste qui, de fait, banalisera au quotidien l'état d'urgence, accentue notre inquiétude.

Le groupe CRC le répète une nouvelle fois : ne tombons pas dans le piège de Daech, c'est la liberté et le combat social qui permettra à la république de triompher.

Billet original sur Senat Groupe CRC