En parallèle aux réunions hebdomadaires des présidents de groupes parlementaires et des commissions concernées par le contrôle de l'état d'urgence, autour du Premier ministre et du ministre de l'Intérieur, qui ont commencé le 26 novembre dernier ; j'apprends aujourd'hui, par voie de presse, que le contenu des propositions pour lutter contre le terrorisme se précise.

Dans un contexte d'émotion et de colère bien compréhensibles, toutes ces propositions vont dans le sens d'une augmentation considérable des pouvoirs de police sans contrôle judiciaire a priori, et nombre d'entre elles suscitent notre inquiétude.

Avec l'augmentation des techniques de profilage et l'instauration de la surveillance de masse déjà prévue par la loi renseignement, le paradigme est totalement inversé en matière de surveillance sur notre territoire français : d'un travail ciblé on passe à l'ère de la suspicion généralisée.

L'éventualité de déchoir de leur nationalité des personnes nées en France (dont l'efficacité reste à prouver) nous inquiète tout particulièrement, car il s'agit là d'une remise en cause inacceptable du droit du sol.

Je regrette que ces propositions, qui s'inspirent dangereusement de celles du Front national, évacuent l'idée d'urgence sociale et culturelle. Avec ces annonces, le gouvernement passe un cap important et vient rompre l'équilibre fragile entre sécurité et liberté. Rappelons que la remise en cause de nos libertés est précisément l'objectif des obscurantistes de Daesh.

Une dizaine de lois anti-terroristes a été adoptée depuis le début des années 2000. Bien évidemment, des mesures très larges doivent être prises pour faire face à la situation, mais ne peuvent-elles pas l'être par le biais de notre droit commun, et surtout par la mise en œuvre de moyens nouveaux et la mobilisation de la société tout entière ?

Aujourd'hui la réflexion et la sérénité dans l'action s'imposent pour protéger nos libertés publiques et notre sécurité dans un même élan.

Billet original sur Senat Groupe CRC